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Après une maigre journée de formation me voilà donc propulsée au rang d’arbitre stagiaire de triathlon. Pour premières cibles, j’avais choisi les aquathlètes de Rilleux débarqués en masse en ce jour d’un mois de mars où il ne faisait guère bon mettre une roue de vélo dehors. 700 m de natation, 4800 de course à pied, une des premières compèts de l’année organisée par un club renommé, le Clair Rilleux Triathlon (69), l’arbitrage devrait passer comme un triathlète à la poste.
Mes cartons multicolores confectionnés avec le plus grand soin par JMN, mon sifflet offert par Fabienne, une Gilette de Mach 3 en devenir, et quelques anti-sèches in the pocket, me voilà donc arrivée chez les rillettes, il est 9 h. Premier objectif : repérer les pantalons noirs, signe distinctif de l’appartenance au corps arbitral. « Salut moi c’est Flo, triathlète de course à Mach 3, 1er arbitrage, et toi ? » « Ben moi c’est Jo, plombier, et j’attends ma femme ». J’embraye sur le 2ème objectif : se présenter aux GO du jour. « Bonjour, Florence, je suis arbitre, z’avez pas vu les zotres ? ». « Y’en a deux d’arrivés, un qui a déjà fait 15 fois le tour de la piscine et l’autre qui doit être quelque part, vous prenez un café ? ». 3ème objectif : faire connaissance. « Gérard, arbitre principal, vous avez tous vos pantalons noirs ? votre matériel ? ». Ouuuh, pas bon Phiphi pour toi le survet bleu à rayures, le chef y va pas aimer. Il a pas aimé Gégé. Pascal, Phiphi, des bleus comme moi. Purée, il est mal barré le principal. Briefing en salle OPS après un accueil chaleureux des bénévoles, nous sommes fin prêts, revêtus du chasuble de circonstance. Désignée d’office aux inscriptions, c’est donc ici que je commencerai par officier. Ca tombe bien, j’avais révisé et je n’aurais pas à dégainer les cartons. Les papas et les mamans arrivent à grand pas avec leurs futurs champions et repartent bouteille de vin sous le bras. « Heu, c’est normal la bouteille pour les avenirs ? » Le charmant jeune homme sur ma gauche : « vivoui, ce sont les ordres ». C’était sans compter l’arrivée fracassante de Bilbo, « tiens c’est lui le fameux Bilbo », une fois la distribution terminée. P…. c’est quoi ce B…. ??? Les bouteilles, c’était pour les adultes !!! Moi rassurée, le charmant jeune homme quelque peu embarrassé. Le temps de refouler sans gaîté de cœur deux bambins pour absence de certificats médicaux et voici le 1er apollon qui débarque, Patrick Mermillod, V1. «Tiens il doit être pas mal à regarder lui au bord du bassin. Bon Gégé j’espère que je ne vais pas passer ma journée à encaisser des chèques de caution pour absence de licence ! ». Chose promite chose duse, me voici chaussons de stroumph aux pieds au bord de la piscine en compagnie du chef, les yeux grands ouverts. Un petit peu pour vérifier si les concurrents touchent bien le bord et beaucoup pour tout le reste, la musculature de certains, les belles formes de certaines, la panique des uns lors de la transition, le professionnalisme des autres, les plutôt sympas, les plutôt paumés, le plutôt lent, un vrai spectacle… et pas un seul carton ! Faut dire que le chef il assure aux briefings et ils sortent tous en règle, les petits comme les grands. Je sortirais des transitions toujours en règle dorénavant, c’est fou comme ça peut faire du bien aux arbitres. Je vois passer Mein direktor, Didier Rivet, El Présidenté des Gilettes puis Jérémy, prêt à manger la terre entière. Interdit de les encourager il a dit le chef. Après la pistoche, me voici transférée, toujours d’office, à l’arrivée de la course à pied, passage rapide de consignes avec Pascal. Super, juste pour voir les deux vagues de filles. La vague élite tout d’abord avec la première bombe qui jaillit, impressionnante Jeanne Collonge qui terminera sa course en 26’39. Tiens on a la même trifonction, la comparaison s’arrête là. Puis j’entends des encouragements pour la 3ème, Hélène Brosset, plus connue sous le nom de Maya. Enchantée et chapeau bas pour la perf. Vint le tour de la 2ème vague des féminines, les sans-grades. Parmi les 13 alignées, ma cops Faby. Sortie 6ème de la flotte, elle pointe à la 5ème au 1er tour. Je lui adresse un petit sourire au passage, j’ai droit à rien de plus. Elle me rend sa tête des bons jours, elle n’a pas dit son dernier mot, j’en suis sûre. 2ème tour, et c’est fait, elle est 3ème. Je suis happy et ne le montre même pas, frustrant ce job d’arbitre. 17 h 45, alors que les derniers concurrents rejoignent la ligne d’arrivée, je file en douce pour récupérer ma tenue de club auprès de mon président préféré. Quel mal m’en a pris ! repérée par le principal, le voilà qu’il me fait des gros yeux à distance, visibles par temps de brouillard à 3800 mètres. Dialogue intérieur : « Heu steuplait Gégé je t’ai obéi au doigt et à l’œil pendant 8 h alors tu vas me lâcher la grappe pendant 3 secondes 30 le temps de récupérer ma 1ère tenue de triathlète ! ». Il va pas aimer le chef. Il a pas aimé Gégé et il n’a pas pu s’empêcher de me le dire au débriefing. Normal, il a fait son boulot et du bon boulot. Moi, j’ai aimé cette journée, j’ai aimé l’accueil des rillettes, j’ai aimé les petits champions du matin, j’ai aimé ces concurrents disciplinés et j’ai apprécié mes camarades et chef d’un jour. |