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Le marathon de Lyon vu de l'intérieur
Didier Claverie vous fait vivre sa course.
Nouveaux club (ASCUL), super entraîneur (p’tit coucou à René), super soleil, préparation sans pépin… tout est réunie pour que ce dimanche 23 avril soit « LE » jour que j’attendais pour réaliser ma perf’. L’objectif est de passer sous les 2h45, mais la vraie cible est 2h42, soit 3’50 au kilomètre. Et je peux vous dire que j’en ai bouffé des kilomètres d’entraînements à 3’50 au kilomètre. Sous la pluie, le vent, le froid… Je n’ai pas fait semblant.

D’ailleurs, lors des derniers entraînements, 10 jours avant la course, je sens comme une petite fatigue, comme si le pic de forme avait été atteint 15 jours avant la course et que maintenant j’étais dans un phase descendante, direction le creux de la vague. J’en parle bien au coach et confie mes petits doutes de marathonien à Cartoon (ma copine, marathonienne aussi et qui sait donc ce que douter veut dire lors d’une préparation à un marathon), mais de toute façon, il est trop tard, la messe est dite, le jour du marathon est trop proche.

Les derniers jours passent donc « tranquillement » à me poser milles questions du style « dois-je mettre mes nouvelles shoes de compet’ qui me font des ampoules ? » ou bien « comment vais-je porter mes gels cette année (je n’ai pas encore trouvé la bonne recette) ? » ou encore « je mets le short noir ou le short bleu ? ». Des questions fondamentales ! J’en suis persuadé !

Jour J, tout est prêt : Le vélo de Carine dans le coffre pour me suivre pendant la course, Lucie avec sa grand-mère place des Terreaux pour m’encourager, les anciennes shoes de compet’ pour épargner mes pieds, une ceinture élastique pour les gels, le short noir… Tout va bien . Un peu de crème sur les pieds, je m’échauffe et déjà les jambes un peu lourdes lors de mes 2 accélérations. Mmm, pas bon ça… ça gamberge.

Sous un grand soleil et une super ambiance, le départ est donné. Je suis placé devant et peut très vite courir à mon aise. 1er kilomètre en 3’45, tout est OK. Je passe le 5eme en 19’05, pile le bon tempo . Mais les jambes semblent lourdes… moyen cool ça .

De virage en virage, le 10eme arrive en 38’08, RAS. Ha si, et c’est pas un détail, je me retrouve dans un groupe de 6/7 coureurs partis pour mettre… 2h41/42, comme moi ! Mon did’, faut plus les lâcher ! Et donc toute la petite troupe cour ensemble.

Un monde fou (pour Lyon…) sur les bords de route. Les gens nous encouragent et sont sympas, c’est génial . Beaucoup de monde place Bellecourt, rue de la République. Ravito au 20eme. Cartoon est là, elle m’encourage, ça fait du bien. Elle ne me suit jamais trop longtemps, par peur de gêner les autres coureurs. Un signe de la main, un virage à droite direction le parc et je la vois disparaître une nouvelle fois. Le petit groupe rentre compact dans le parc, la foule est présente, les encouragements bruyants, la musique résonne... Nous avons fait 23km. Le tempo est toujours parfait, mais mes jambes m’inquiètent toujours, les mauvaises sensations perdurent.

Le ravito du 25eme se fait attendre pour arriver au… 27eme ! Je suis un peu furieux , car j’ai soif, tout simplement . Dommage que Cartoon ne m’ait pas suivi dans le parc, elle m’aurait donné un peu d’eau, mais on ne pouvait pas savoir.

La course commence « enfin » et le tempo du groupe ralenti, je le sens bien, ça commence mal. Je ne m’affole pas, car pas dans un bon jour, je me vois mal partir tout seul.

Passage place des Terreaux où Mamy Chasselay et Lucie m’encouragent. Panique, je ne les trouve pas... Ouf, je les aperçois au dernier moment mais Lucie ne semble pas me voir, dommage (mais bon, pour sa défense, je précise qu’elle n’a pas encore 12 mois ! ).

Bizarrement, nous semblons avoir légèrement accéléré vers le 30eme et le groupe à d’ailleurs explosé. Je ramasse les premiers « morts »... Un petit mot d’encouragement, mais le mûr commence à faire parler de lui ! Entre le 30 et le 33eme, mes jambes durcissent, mais je me dis qu’avec une foulée appliquée et concentrée, je peux continuer ainsi jusqu’au bout. Je cours maintenant en 4’05/10 au kilo à la place des 3’50 prévus. Mais 2h45 restent abordables, j’y crois vraiment. 33eme kilomètre… Coach René m’a rejoint avec son super vélo Hi-tech . C’est cool, un 2eme réconfort moral vient s’ajouter à Cartoon.

Tout va relativement « bien » (je pèse chacun de mes mots à cet instant de la course). Petite baisse de régime, rien de grave, 4’10/15 au kilo. Accroche toi did’, c’est maintenant que tout se joue. Le 38eme arrive, je vois le panneau… en haut de l’Alpes d’Huez ! Un pont sur le Rhône se dresse face à moi, un col hors catégorie à cet instant de la course. Je m’accroche et soudain… énorme coup de bambou !!! Plus de jambes, enfin si, je ne sens QUE mes jambes (cuisses en feu, début de crampe aux mollets), c’est la panne sèche. Je suis annoncé 46eme, mais ça ne change rien, j’ai du mal à mettre un pied devant l’autre. C’est là que René me glisse un « allez, maintenant tu accélères un peu, faut y croire… ». Il est génial René, toujours le mot sympa. Je suis littéralement scotché à 5’ au kilo, je tente un kilomètre en 5 secondes plus vite, histoire de lui faire plaisir, mais je ne peux rien de plus. Chaque pas me demande un effort énorme, c’est si soudain ! Maintenant, finie les « rêves », la machine est cassée, le moral est au fond des chaussettes… Adieu les 2h45.

Les 2 derniers kilomètres seront un délicieux supplice pour maso. Par fierté, je ne veux pas marcher. Cartoon et René me verraient arrêté, posé comme une merde sur un trottoir, pas question. « Allez did’, putain cours, accroche toi ». Ca fait pourtant si mal, comme un pieu dans chaque cuisse.

Il reste environ 800m quand la première féminine me rattrape. C’est un peu ma mise à mort (pardonnez moi mesdames, ce n’est pas du machisme, mais juste un repère, que j’ai l’habitude d’avoir derrière dans les courses de cette taille). Chose bizarre… Presque à ma hauteur, elle s’arrête, gerbe et repart… Plus rien ne m’étonne à cet instant, je suis un peu hagard. Elle revient à nouveau, j’essai d’accélérer pour finir devant, mais elle aura raison de ma fatigue et me passera sous le nez à 100m de la ligne. Je finis en 2h49’44, sous la barre des 2h50, ça devient une habitude. Mais j’espérais tant titiller celle des 2h45 aujourd’hui…

A peine la ligne franchie, grosses bouffées de chaleur, ma tête va exploser et j’ai la nausée. Direction la tente de la croix rouge soutenu par 2 pompiers, j’ai de la température. Une charmante jeune fille me passe une éponge d’eau froide sur tout le corps (ou presque ). La température extérieure finie par chuter un peu et je peux enfin repartir, mais sans la moindre envie de manger. Je rejoins Carine et je ne peux m’empêcher de fondre en larme dans ses bras. Je ne pleure pas de déception, mais de fatigue, je peux enfin évacuer, me relâcher. La fin de course a été si dure, je ne me souviens pas en avoir autant bavé par le passé.

Je n’ai pas la force d’attendre les copains et rentre directement me coucher à la maison. Le temps de mettre la médaille sur le coup de Lucie, voilà que maintenant j’ai froid et je grelotte, c’est à n’y rien comprendre.

Malgré la petite déception du résultat , je garde un super souvenir de ce marathon. La foule, les encouragements, ce beau soleil, Cartoon et René en vélo, la p‘tite bouille de Lucie au 29eme kilomètre et les souvenirs de toutes ces semaines d’entraînement. J’ai pas mal évolué ces derniers temps, je vois la course à pied différemment, cela depuis la SaintéLyon : L’importance relative du résultat et le plaisir de voir ma fille au bord de la route, la joie de voir que Cartoon est toujours fière de moi.

Côté analyse de course, pas d’excuse, je ne valait pas 2h45 ce 23 avril, point barre . Je pourrais mettre ça sur le dos du soleil et de la chaleur, comme l’an dernier la pluie et le froid. Mais je n’ai pas envie, c’est trop facile, marre des excuses. Les jambes n’étaient pas là dès le 5eme kilomètre et pourtant, je ne souffrais pas de la chaleur si tôt dans la course. Je dirais que le soleil m’a achevé quand je n’avais plus de force et m’a coûté 2 minutes maximum. Je tâcherais d’analyser tout ça calmement avec l’aide de René et c’est sûr, je vous ferais un autre compte-rendu en 2007, depuis je ne sais quel marathon en espérant, cette fois, que je casserais la barre des 2h45.

Et j’accélèrerai même sur la fin, René sera trop content de moi !

Les derniers préparatifs
Coach René
Inséparables…
Quand tout va bien, la foulée aérienne !
Quand tout va mal… No comment ;)


Didier C