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Jean-Marcel en est déjà à son deuxième Ironman de l'année!
Jean-Marcel à Embrun


Depuis l'IRONSAPIN de Cublize, j'ai observé un temps de récupération de 15 jours avant de me remettre gentiment à la nage (2 hypothermies !), au vélo et VTT remorque avec les enfants, ainsi que la course à pied.

 L'enthousiasme n'est pas au rendez-vous, mais plutôt les doutes et la lassitude. J'aborderai EMBRUN avec à peine 3000 km vélo et j'essaierai de ne pas renouveler mes erreurs de Cublize.

Arrivée le 12 aout au camping en famille, les premières nuits sont glaciales. Je dors avec bandana et cache-nez. Les 2 enfants avec leur maman. La canicule est loin derrière. Repas avec le groupe des IRONMEN. Franck me montre une partie du parcours à pied, ainsi que Chalvet. C'est déjà ça que je connaîtrai. Pour le reste, on découvrira. Fini les pizzas à l'Epoisse, les barbecue et le rosé, ainsi que les poêlés d'escargots et la petite poire ! C'est le retour du CARBO LOAD et des pâtes.

3h30 : réveil dans ma petite tente Quechua en célibataire. Petit Déj frugal dans le duvet. Ca pêle ! je me recouche et attends patiemment la dernière minute pour rejoindre le parc. 5h15. Let's go. Préparation tranquille des affaires. Tout les Mach III sont là ! Chacun s'est bouffé des km ! Chacun aura ses propres souffrances ! Jojo lance "On n'abandonne pas" ; Aucune réponse.

Les femmes se lancent 10 mn avant nous ! La pression monte. Direction la plage. Jojo me dit :"Je suis toujours parti à gauche. Cette année je vais essayer à droite". Moi je partirai à gauche, je veux éviter les affrontements.

6H, c'est parti. Toute la première boucle va bastonner. Il fait nuit, on ne sait pas ou aller. Seule une flamme à l'horizon se fait deviner. Les trajectoires sont longues et tortueuses. Beaucoup de coups aux bouées. La 2ème boucle est plus étendue et je sais que la course va vraiment commencer dès que je serai sur le vélo. Beaucoup de supporters tout autour du lac ainsi qu'au départ vélo. Ma transition sera très Zen. David est déjà sorti. Il prend même le temps de répondre au Président qui l'appelle sur son portable !

7h10 N'ayant jamais roulé en haute montagne, et ne connaissant pas les difficultés du parcours (si ce n'est les noms de l'Izoard, Palon et Chalvet), je prévoyais une grande randonnée de 188 km. J'avale tranquillement la première boucle jusqu'à Savine et déjà les rouleurs que sont Lolo, Joël, Greg, Franck me reprennent. Retour sur Embrun, et beaucoup d'encouragements lorsque l'on part direction Guillestre.

Embrun a aussi son "petit SOLAR" (référence à ROTH). Le temps est frais, manchettes et coupe-vent obligatoires. Toute la combe Queyras le long du Guil qui mène à l'Izoard est superbe mais usante car il faut toujours relancer. L'ascension du monstre (31,7 km de montée à 4,5% de moyenne et un maxi à 11%) sera rythmée par l'hélicoptère qui filmait le paysage et la terrible montée du géant qui culmine à 2360m.

Luc me reprend alors que je mets un pied à terre pour m'alimenter. "Ne t'arrête pas !" crie-t-il. Mais j'avais déjà en tête la réflexion d'un concurrent à Cublize qui m'avait lancé :"On t'a jamais dit que ce serait facile". Côté auto-motivation, je commence à me blinder.

Et je repars avec la casse déserte et son coup de cul qui nous rapproche inéxorablement du sommet. Un univers désolé de rocailles, d'éboulis et de profonds ravins où ne poussent que quelques rares sapins. Je me ravitaille et pose quelques journaux sous ma tenue, contre la peau. Il doit faire 6°C.

La descente sera terrible. Le froid mordra les chairs. Les 19 km de descente seront techniques et dangereuses. J'atteindrai les 78 km/h. Freiner devient sportif. Mais mentalement, je viens de dompter le monstre. Luc me rejoindra et me parlera de David qui était "sec" au sommet et qui récupérait depuis 20 mn.

Proche de Briançon un bruit inquiétant de frottement m'oblige à inspecter le vélo. Comme si les patins de roue venaient bloquer celle-ci d'un seul coup. RAS. 300 m plus loin, rebelote ! L'angoisse de devoir abandonner pour cause mécanique me hante ! Mais le le bruit disparaissait au pédalage. (C'est en fait un ressort du corps de roue libre qui a cassé). Je finirai le vélo. Tout le retour de Briançon jusqu'à Embrun se fera face au vent, sur un bitume de mauvaise qualité. Mes cervicales et le dos souffrent. Je dois continuelllement me redresser.

Puis arrive un mur. Je demande à un des supporters : c'est Pallon ? Oui, c'est Pallon. 1,6 km de côte à plus de 15% au 140ème km. Il ne faut pas craquer. Un pied à terre et on ne repart pas. Le compteur descendra à 8km/h. Le public annonce "plus que 200m". Mais c'est 600 la réalité. Il faut être fort mentalement. Bruno avait coincé et abandonné là une année.

Embrun se rapproche . La pensée de Chalvet me terrifie. En repérage, la voiture avait du mal à monter. Il me faudra tenir. (Dans Chalvet, Reboul perdra 5mn sur le groupe de tête) Impression bizarre de voir les autres déjà en train de courir. J'attaque l'ascension. Les encouragement de nos supporters (trices) sont un réconfort. Les inscriptions sur la route un encouragement de tous les instants.

Et l'erreur évitée jusque là arrive au sommet de Chalvet : la vision d'un sandwich. L'envie de salé était trop forte. Je mange un cocktail de thon et de Mayonnaise. L'effet fût immédiat. Impossible à digérer lors de la dernière descente jusqu'à Embrun. Point de côté au départ du Marathon. Heureusement, Michel Guillarme saura me "reconstruire", et le point de côté qui m'a fait souffrir les 3 premiers km disparaîtra. Hervé me passera au 5ème km d'une foulée assurée. C'était écrit.

La vision de mes enfants et de Nat sera un grand bonheur. Je prends le temps d'embrasser mon fan club. Je boucle le premier semi en 2h08 et commence à imaginer la possibilité de faire mon meilleur marathon en moins de 4h30, voir 4h15. Mathématiquement, c'est envisageable.

Je rattrape Luc au 24ème km, et nous courons ensemble jusqu'au raidillon qui monte au centre ville.

Ma galère commencera ici. Je marche, la tête tourne par moment. Je dois faire une hypo. Le squeezy qui va bien et je franchi pour la seconde fois le centre ville en courant. Mais c'est la descente aux enfers. Je renvoie tout ce que j'ingurgite. Mon ventre est tendu. Je n'arrive pas à le gonfler pour essayer de me décontracter. Chaque pas est douloureux pour ma ceinture abdominale. Je descendrai Embrun en marchant. La pluie arrive, il est tard, le froid est présent aussi. L'allée retour sur la digue sera un calvaire. La pluie à fait partir le public.

Cette grande ligne droite n'en finit pas. La nuit s'installe. Certains mettent un sac poubelle pour se protéger du froid. Je pense pouvoir m'en passer. Je ne veux pas perdre encore plus de temps. Je trottine par intermittence sur Baratier.

Quelques supporters isolés sont sous leur parapluie. Il y a une âme à Embrun. A Baratier, j'essaie de m'alimenter. Mais cela ne sert à rien d'insister. Je suis frigorifié. Je négocie un sac poubelle qui sera efficace pour le froid.

Je croise Jeff en bon supporter (il était aussi sur le parcours vélo) qui va chercher Sylvestre. La fin du parcours sera à hauteur de toutes les souffrances déjà vécues. Mais, a aucun moment ne m'est venu l'idée d'abandonner.

Finish en 15h21'. Il faudra que je patiente afin de faire un bon marathon sur IRONMAN. Je suis certain que je peux accrocher les 4h15. Ce sera mon graal à moi.

Merci aux organisateurs pour organiser d'aussi belles courses.

Merci à ma femme et mes enfants pour leur soutien au quotidien.

Merci au fan club spécifique MACH3 et à Véro en particulier pour l'impression des Tee-shirt et les marquages sur la route.

Merci à Joël, Greg, Franck, Lolo, Hervé, David, Luc, Sylvestre, et Patrick pour avoir partagé cette aventure en groupe.

Quelque soit le résultat ou la satisfaction de chacun d'entre-nous, nous ne pouvons en ressortir que grandis. Le dépassement de soi prend toute sa mesure à Embrun. C'est en groupe que nous nous sommes préparé. C'est ensemble que nous avons vaincu le "mythe". Notre performance est motivée par notre classement dans le groupe. C'est pourquoi il faut prendre conscience que le triathlon n'est pas un sport individuel mais un sport collectif, fait par des individualités.

Alors gardons cet esprit d'équipe et continuons à nous faire plaisir entre potes.

JM